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Je pars dans le
vent
Paul-Emile Victor
Je pars dans le vent probablement vers
le néant.
Mais si ce
néant s'avérait être un trésor, je me battrais contre les puissances des
ténèbres pour faire entendre ma voix enrichie de cette expérience nouvelle, pour
vous dire la promesse que j'aurais arrachée au silence. Afin que vous sachiez
que mon coeur est devenu plus riche, mon âme plus universelle. Que vous sachiez
qu'après il y a quelque chose, autre chose. Autre chose qui ne peut être que
Dieu, qui est en réalité Vous. L'homme matériel que nous sommes ne peut
l'imaginer, et encore moins l'appréhender. Mais je me battrai.
Je n'ai pas
peur de mourir. C'est le destin de tout ce qui vit, et qui ne vit que parceque
la mort en marque la fin.
Mais ce qui
me navre - ô combien ! - ; c'est de m'arrêter d'aimer. L'important n'est
pas tant d'être aimé, d'avoir Dieu dans son coeur, mais d'être dans le coeur de
Dieu. Ainsi l'amour n'est-il plus un sentiment ponctuel, égocentrique, mais
universel. Il englobe tout autour de soi et, plus que tout autre sentiment,
apporte la plénitude, le calme, la joie, le bonheur, la compréhension et la
tolérance, mais aussi l'enthousiasme, la rage de vivre.
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