Caroline et
l'hôpital Auteur : Thérèse
Chenevière
Ce jour là Caroline une fois encore se
rendait à l'hôpital, comme trop souvent à son goût. Cette fois, c'était pour sa
mère qui venait d'être hospitalisée. Les infirmières la reconnaissaient et ne
disaient rien, bien qu'elle enfreigne la règle. " Pas de visite le matin ". Elle
était très discrète, juste en allant au travail elle venait déposer un journal
et faire la bise à sa maman, rapidement et repartait tout aussi discrètement.
Comme souvent en passant dans le
couloir elle pensait aux autres personnes dans les chambres. Il était même
arrivé que des ceintures attachées à la main courante du couloir, bloquent
l'ouverture de certaines portes derrière lesquelles elle entendait des personnes
se plaindre. Une infirmière avait lâché tristement " Nous n'avons pas d'autre
solution sinon elles partiraient et nous n'avons pas le temps de tout surveiller
".
Cette fois-ci ce n'était pas le cas,
au contraire, une porte était grande ouverte, sans doute à la demande du malade.
Mais dès la sortie de l'ascenseur elle l'avait entendu. Des cris répétitifs et
plaintifs " aidez-moi ! Ne me laissez pas seul ! ". Comme toujours elle passa
rapidement en faisant le moins de bruit possible, mais l'homme l'avait vu, "
Vous là ! Aidez-moi ! " Confuse elle continua jusqu'à la chambre de sa maman. Le
baiser, un sourire et le regard de soulagement et de remerciement de la maman et
déjà elle devait repartir.
Elle entendait encore le cri "
Aidez-moi ! " Qui continuait sans cesse, plus autoritaire mais lassé,
visiblement personne ne s'en souciait. En passant de nouveau devant la chambre,
elle jeta un coup d'œil rapide. Aussitôt l'homme s'écria " je vous ai vu ! Vous
faites exprès de ne pas vous arrêter ! " . Alors mue par le remord et le besoin
de " faire quelque chose " elle entra dans la chambre.
Un vieil homme était là couché sur un
lit, les cheveux encore nombreux et drus, d'un beau blanc, un visage âgé, noble
mais dépité. Il avait ce regard sévère d'un homme habitué à ce qu'on lui
obéisse, mais visiblement à l'hôpital il n'avait que le statut de simple
patient. Il la regarda étonné, alors elle s'excusa, " je ne suis pas infirmière
je passais juste dans le couloir ". Il en fut déçu, " qu'est-ce que je vais
devenir ? " dit-il d'un ton plaintif.
Alors poussée par son élan, ne sachant
que dire, Caroline s'approcha du lit se pencha au-dessus du vieil homme et
déposa un baiser sur son front. Il avait redressé la tête pour recevoir ce petit
message d'amour gratuit, intuitif, étonné, et avant même qu'il ne dise autre
chose elle s'enfuit.
Dans son
envol, elle remarqua que les cris avaient cessés. Le vieil homme ne disait plus
rien…. Dans le couloir régnait maintenant un silence suspendu,
léger et doux comme une promesse de printemps…
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