L'histoire de Diogène
Auteur :
Abraham Cowley
Le jeune Diogène voulait devenir
philosophe.
Pourquoi?
Pour avoir un esprit clair et une
grande indépendance d'idée.
Mais atteindre cette tranquillité
d'âme demande des efforts et du temps libre.
Ainsi,
Diogène commença donc par prendre un esclave pour ne plus avoir à se consacrer
au nettoyage des sols et aux tâches les plus ingrates. Il paya également un
cuisiner pour ne plus avoir à confectionner lui-même ses repas. Il embaucha un
sophiste pour écrire ses discours et engagea un rhéteur pour les prononcer à sa
place sur l'Agora. Un comptable gérait ses biens et un intendant
s'occupait de
sa maison.
Il s'entoura tant et si bien qu'il
finit par obtenir le contraire de ce qu'il avait espéré: l'esclave devait sans
cesse être rappelé à l'ordre, le cuisinier le dérangeait pour connaître ses
préférences, le sophiste, le rhéteur et le comptable l'assaillaient de
questions.
Accaparé par autant de soucis,
incapable de consacrer une heure à la philosophie, Diogène se rendit chez son
ancien Maître.
"Comment vivre simplement? La vie
matérielle exige trop de temps" se plaint-il.
Et le maître
de répondre : "Observe la souris qui
voyage sans bagages et mange quand elle a faim; regarde ce petit enfant qui boit
à la fontaine dans le creux de sa main; prend exemple sur le chien qui se
réchauffe au soleil. Ont-ils, selon toi, moins que le nécessaire? S'ils
possédaient la pensée, n'auraient-ils pas tout le temps de s'y consacrer?"
Diogène remercia son maître et
congédia sur le champ tous ses employés. Il quitta sa maison et vécut le reste
de sa vie en plein air.
Et lorsque les passants se riaient de
son dénuement, il leur répondait:
"Dépouillés de tout, dites-vous que la
vraie grandeur est en nous tout nus; les biens nous ont été prêtés: soyons
heureux de les rendre."
Avons-nous vraiment besoin de tout ce que nous possédons
? Serions-nous moins heureux si nous possédions moins ?
Souvent, avec les richesses, nous
accumulons des soucis dont nous nous serions passés. On entend souvent dire :
"Le temps c'est de l'argent" et c'est vrai : l'argent grignote notre temps, il
exige beaucoup de soins et trop d'attention !
La pauvreté désire peu, le luxe
beaucoup, l'avarice tout.
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