Auteur : Emilien Bahuaud
La mer est grise ce soir,
Presque
noire.
Désespoir.
La houle enroule les vagues ondulantes.
La plage est
déserte, insolente.
Les algues, sur le sable, s'étalent,
indolentes,
Sombres et gluantes.
Le vent siffle dans les haubans des
voiliers,
Lugubre, violent, chargé d'embruns salés.
Les rochers noirs se
parent d'écume mouvante,
Disloquant les vagues, affrontant la
tourmente.
Ce soir, tu lui ressembles.
Que t'arrive t'il ? Tu trembles.
Tes yeux lancent des
éclairs.
Ton corps n'est que colère.
Tes reins se creusent, comme la
mer,
Repoussant mon désir,
Refusant le plaisir.
Tu me fais peur, ce
soir
Dans le noir.
Désespoir.
La mer est calme, ce soir,
Presque ivoire.
Espoir.
Le
ciel est clair et limpide.
Seul le fond de l'air est humide.
La plage est
largement ouverte, accueillante.
Les algues, sur le sable, dessinent des
arabesques chatoyantes.
Une brise légère irise la surface de l'eau,
Et
caresse, au passage, la coque des bateaux.
Les rochers jouent avec les vagues
qui les caressent
Immobiles, dociles, insolites, sans cesse.
Ce soir tu lui ressembles.
Que t'arrive t'il ? Tu
trembles.
Tes yeux sont tellement clairs,
Limpides. Je m'y plonge, je m'y
perds.
Tes cheveux ondulent, comme des algues.
Tes lèvres frissonnent
comme des vagues.
Tes reins se creusent doucement, comme la
mer,
Accentuant mon désir,
Recherchant le plaisir.
Tu me séduis, ce
soir.
Espoir.